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le maître de la lumière

tonalité de la rencontre. Elle allait perdre son caractère impersonnel. Une tiède intimité naîtrait, qui s’échapperait, comme toujours du carafon de porto ou de la théière fumante. Charles comprit aussitôt le péril et l’incorrection. Il excipa de l’urgence qu’il attachait à causer le jour même avec son notaire et s’excusa de ne pouvoir rester davantage.

La main de Rita était si froide et si frémissante qu’il fut désespéré de l’abandonner.

— Quand vous aurez quelque chose à vous dire, déclara Geneviève, vous pourrez toujours vous retrouver ici.

Elle allongeait le pas en reconduisant Charles qui avait l’air de s’enfuir et ne répondait pas.

— Pardonnez-moi, dit-il. Ce notaire, n’est-ce pas…

— Je vous comprends très bien, fit-elle en demi-teinte, laissant sa voix descendre de syllabe en syllabe.

Rita ouvrait la fenêtre pour le regarder partir.

Le résultat de ces entretiens et conciliabules ne tarda point à se manifester.

Deux jours plus tard, en effet, Charles recevait du notaire la communication téléphonique suivante :

— Allô ! la réponse de M. Ortofieri m’est parvenue ce matin, cher monsieur. J’espère que vous serez satisfait. Tout va comme vous le souhaitiez, et la lettre de M. Ortofieri est empreinte de la plus exquise politesse. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement. Comme il est naturel, M. Ortofieri, de sa personne, ne se mêlera de rien. Les portraits seront confiés à son mandataire, lequel se présentera chez vous incessamment. M. Ortofieri a choisi ce mandataire avec un tact que vous apprécierez sans nul doute. À un homme d’affaires qui vous serait inconnu il a préféré une relation qui vous est commune ; c’est un M. Luc de Certeuil, qui est, paraît-il, de vos amis et loge dans votre maison, circonstance particulièrement heureuse… Allô ! Allô ! Vous m’entendez ?

— Oui, dit Charles. C’est parfait. Je vous remercie.