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le maître de la lumière

des sentiments les plus élevés et des intentions les plus pures.

— Mon cher ami, dit Luc, je viens me mettre à votre entière disposition. Votre notaire vous a téléphoné, n’est-ce pas ? Vous savez donc que M. Ortofieri m’a fait l’honneur de…

— Si vous le voulez bien, dit Charles promptement, nous enregistrerons en silence le mandat qui vous a été donné par M. Ortofieri. Ma mère, dont vous connaissez les idées, ne reviendra sur sa prévention à son égard que si la preuve est faite de l’innocence du vieux Fabius. Je prends sur moi de dire à ma mère que je vous ai choisi de mon propre mouvement, pour être mon délégué auprès du banquier, en raison des relations que vous entretenez avec lui, car si elle savait que vous êtes le sien, je craindrais qu’elle ne vous fît grise mine.

En effet, il avait compris que Mme Christiani serait incapable d’aller au delà des concessions qu’elle lui avait faites. C’était bien beau de l’avoir décidée à admettre intervention des Ortofieri par personne interposée, dans une opération qui se poursuivrait chez elle. Mais lui faire accepter que ce fondé de pouvoir fût Luc de Cerfeuil, qu’elle abominait, il n’y fallait pas songer.

— Tout ce que vous voudrez, répondit Luc. Je vous prie de voir en moi un ami disposé à faire ce qu’il doit en toute conscience, sans aucune autre préoccupation que de remplir impartialement le mandat qui lui a été confié. La situation, je m’en rends compte, est des plus délicates. Je n’ai rien oublié de la conversation que nous avons engagée, vous et moi, l’autre jour, à Saint-Trojan, au cours de laquelle nous avons, je crois, tous deux, rivalisé de franchise… N’est-il pas vrai ?

— Oui, reconnut Charles ainsi apostrophé, mais dont la réponse eut quelque mollesse.

Luc poursuivit, sans insister :

— Je vous laisse à penser quelle surprise fut la mienne lorsque M. Ortofieri m’a mis au courant de ce qui se passe et, pour finir, m’a demandé de le représenter auprès de vous. Mon premier mouvement a été de décliner cet honneur ; pour quelles raisons, vous le savez. Mais je me suis vu dans l’impossibilité de me ré-