— 1834, annonça Charles après avoir lorgné la cheminée du cabinet. Voyez le nouveau calendrier. Et considérez les arbres du boulevard, c’est l’hiver.
— Quel hiver ? Celui de janvier ou celui de décembre ? dit Bertrand.
— Janvier, affirma Charles.
— Pourquoi ? demanda Luc en même temps que Colomba.
— Allons ! j’ai deviné, reprit Bertrand. Parce que le nouveau calendrier, comme l’ancien, porte un semestre seulement sur chacune de ses faces et que c’est le premier semestre qui est visible actuellement. César n’aurait pas tourné contre le mur le semestre en cours, cela tombe sous le sens.
— Et voilà ! dit Charles gaiement.
— En somme, remarqua Luc de Certeuil, en ce moment, partis de 1833, nous allons au-devant d’un avenir, au-devant de 1835…
— C’est tout à fait exact, dit Charles.
Il était passionnément absorbé par sa tâche, redoutant de briser ou de fêler la substance impressionnée d’images inestimables.
La chance et son habileté le favorisèrent. Il put poursuivre son travail subtil avec autant de précision que César en avait apportée jadis pour effeuiller, sur un autre point de la plaque, ces étranges éphémérides.
Ayant lu, à l’aide d’une jumelle, la date du journal frondeur Le Charivari, — que César, sensiblement vieilli, avait abandonné sur le guéridon de marbre blanc et d’acajou, — Charles, assez ému, déposa son couteau :
— 30 juin 1835. Arrêtons-nous.
Puis il replaça dans son cadre, sur le bâti, la plaque ensoleillée.
Le cabinet de César était relativement ombreux, par rapport à la fenêtre où rayonnait une magnifique journée. Les maisons d’en face éblouissaient, au-dessus de la verdure touffue des ormes. La pendule œil-de-bœuf, fixée au mur sous le guidon du corsaire, marquait trois heures.
Henriette Delille entra, achevant de nouer sous son menton les brides de son chapeau cabriolet. César se