très paternellement les beaux yeux absents qui se rivaient ailleurs. Et, la face grave, un reflet d’angoisse y passant et repassant, il articula lentement une phrase qui devait être une interrogation.
Henriette ne broncha pas. On ne voyait en elle que tristesse et douceur, résolution et persévérance. Elle répondit simplement en agitant la tête à plusieurs reprises, de droite à gauche, avec lenteur. Son parti était irrévocable.
Alors César, comme découragé, l’abandonna, recula de deux pas et, très froid, sans courroux, avec une fermeté tempérée de regret, dit quelques mots. Son attitude signifiait : « Puisqu’il en est ainsi… »
La jeune fille l’écouta, raidie dans sa courageuse tristesse. Avec un pâle sourire navré, elle fit « oui » de telle sorte qu’elle semblait plutôt se courber sous le mauvais sort que répondre silencieusement à un ordre. Et elle ne se retira que sur un mot de César, accompagné d’un geste désabusé qui la libérait.
Resté seul, César alla vers la fenêtre, appuya son front contre l’un des carreaux et ne bougea plus. Il demeura de longues minutes immobile, les mains derrière le dos, à songer. Brusquement, il fit demi-tour et releva la tête, se secoua, se prit les tempes, battit des paupières, comme suffoqué de la situation où il se trouvait à l’improviste. « Voyons ! semblait-il penser, c’est impossible ! Moi ! C’est moi qui en suis là ! Reprenons-nous, mille sabords ! »
Et, soudain, il se laissa tomber dans un fauteuil, cachant son visage de ses mains tremblantes.
Le soir venait dans la vision.
Pour satisfaire aux exigences domestiques de Mme Christiani, Charles ne jugea pas à propos de faire retarder le dîner, auquel prit part Bertrand Valois.
Quand ils revinrent dans l’atelier, où les dernières lueurs de la journée d’octobre s’étaient éteintes depuis longtemps, la plaque de luminite jetait encore un faible jour.
La belle soirée du 30 juin 1835, l’une des plus longues