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le maître de la lumière

de l’année, emplissait de sa clarté mourante le tableau du cabinet de César Christiani. Quelques fenêtres, en face, s’éclairaient de feux jaunes et médiocres. Une lanterne suspendait son misérable lumignon au-dessus du boulevard. Les toits et les cheminées recevaient l’ultime rougeur du crépuscule.

Dans l’ombre, ployé sur lui-même, le vieux César était toujours là.

— Quoi de neuf ? demanda Bertrand Valois, qui ne cherchait pas à dissimuler son inquiétude et l’intérêt très vif qu’il prenait désormais aux révélations de la luminite.

C’était le lendemain de la colère et du désespoir de César. Charles se trouvait dans l’atelier, au commencement de l’après-midi.

— Il y a, dit celui-ci, que ton grand-père, sous la forme de ce jeune homme qui a ton nez et ta canne, a « pris quelque chose » ce matin, si j’ose m’exprimer ainsi.

— Il est donc revenu ?

— Oui. Et selon moi, il a été convié par César. J’ai idée qu’hier, à la fin de cette scène si pathétique, Henriette a reçu l’ordre d’inviter son amoureux à venir s’expliquer avec César, une bonne fois. Et il a déféré immédiatement à cette invitation impérative.

— Comment cela s’est-il passé ?

— Tu le verras sur l’écran cinématographique, quand la bande sera développée et tirée. J’ai « tourné » l’entrevue, qui fut tempétueuse. Ou bien veux-tu que nous feuilletions tout de suite la seconde plaque de luminite qui l’a enregistrée ?

— Bah ! Raconte d’abord. Ne compliquons rien. Mais, dis-moi, as-tu l’impression que cette entrevue augmente les charges d’accusation contre mon aïeul ?

— Cet aïeul supposé n’est peut-être que ton grand-oncle. L’homme à la canne a peut-être une sœur qui lui ressemble, et si c’est d’elle que tu descends… tout s’arrange !