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le maître de la lumière

— Ce n’est donc pas Fabius Ortofieri ?

— Eh ! non. Heureusement, ma cousine, heureusement.

La bonne dame, regardant tour à tour les visages exultants d’allégresse qui s’offraient à elle, sembla douter de bien des choses, à commencer de son propre bon sens.

— « Jean Cartoux », dit Bertrand, ce nom-là ne vous rappelle rien ?

— Rien du tout.

— Voyons ! le procès ?… Le procès Ortofieri ?… Votre père ou votre grand-mère vous en ont parlé, pourtant, de ce procès… Vous ne vous souvenez pas qu’un policier a joué un rôle prépondérant, à l’instruction, en attestant qu’il reconnaissait Fabius Ortofieri pour certain homme…

— Si fait… On m’a dit qu’un inspecteur de police avait formellement accusé Fabius. Il affirmait l’avoir vu rôder autour de la maison du boulevard du Temple et même y entrer.

— Eh bien ! cet inspecteur se nommait Jean Cartoux !

— On ne me l’a pas dit.

— C’est très naturel, remarqua Charles en s’adressant à Bertrand. Quand ma cousine s’est trouvée en âge de comprendre le drame, — sujet de conversation peu recommandé pour une enfant, — elle avait sans doute environ seize ou dix-huit ans. C’était donc, au plus tôt, en 1862 ; le procès faisait déjà figure de vieille histoire ; près de trente ans s’étaient écoulés depuis le meurtre. Le nom des témoins n’avait plus d’importance, surtout le nom d’un fonctionnaire ayant déposé en qualité de fonctionnaire.

— En effet, dit Colomba. Mais, ma cousine, comment se fait-il que Pitt, en répétant ce nom « Jean Cartoux », n’ait pas attiré l’attention de vos parents ? Il me semble que cela aurait dû se produire, d’autant plus que l’oiseau donne à ce nom l’intonation de César, ce qui prouve bien que c’est par son maître qu’il l’a entendu prononcer, en réponse à une interpellation tout au moins bizarre et qui…

— Pardonnez-moi, fit la cousine Drouet, mais ne