Aller au contenu

Page:Renard - Le Maitre de la Lumiere, 1948.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
le maître de la lumière

pourriez-vous, mes bons enfants, m’expliquer un peu de quoi il retourne ? Je m’y perds, ma parole !

— C’est vrai, reconnut Charles gaiement. Vous ne pouvez pas vous y retrouver si nous négligeons de vous raconter toute l’histoire telle que nous la connaissons.

Il fit le nécessaire sur ce point. Après quoi, la cousine Drouet éclaircit la question qui troublait Colomba. Le perroquet Pitt avait été confié, aussitôt après la mort de César, à une bonne femme qui faisait des ravaudages pour Mme Leboulard, car M. Leboulard avait les perroquets en horreur. Le petit camarade de César était resté dans la famille de cette femme jusqu’à ce qu’un jour, un peu par hasard, Amélie Drouet se rappelât son existence et réussit à le recouvrer, dans sa passion pour tout ce qui avait appartenu au corsaire, son grand homme d’ancêtre.

L’excellente femme n’avait pu se repaître tranquillement du spectacle de la revue. C’est du coin de l’œil qu’elle avait admiré les grenadiers et les fusiliers, puis les zouaves, les turcos, les spahis et, pour finir, la cavalcade orientale des aghas et des bachaghas. Mais elle s’en consolait, ayant compris que, grâce au perroquet, Charles avait trouvé chez elle une joie extraordinaire, dont elle attendait discrètement une révélation plus précise.

Elle avait pris place sur une méridienne Restauration et caressait, en son giron, les deux chiens rondouillards. Charles eut conscience de ce qu’elle souhaitait d’apprendre, et, sur le point de lui confier que, Pitt avant innocenté Fabius Ortofieri, cette réhabilitation allait autoriser certain mariage, il s’aperçut désagréablement qu’il n’était pas encore au bout de ses peines. Car, si la vérité éclatait pour lui comme pour Bertrand et Colomba, est-ce que les parents de Rita se contenteraient d’un témoignage aussi fragile que celui-ci… d’un perroquet ?

À vrai dire, la luminite était là pour prouver à quiconque que Pitt se trouvait dans le cabinet de César au moment de l’assassinat ; les films cinématographiques avaient, eux aussi, comme la seconde plaque, enregistré sa présence et son émoi, lesquels avaient paru totale-