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L’Alarme
uit jours plus tard. Le cinq mai. Toujours à Mirastel.
Il est agréable de se représenter M. Le Tellier pénétrant, ce matin-là, dans son cabinet de travail ; car c’est un beau spectacle que la rencontre d’un homme heureux avec un rayon de soleil, au centre d’une pièce noble et vaste.
M. Le Tellier traverse la grande salle, jette un coup d’œil aux livres qui tapissent la muraille, ouvre la fenêtre, respire une bouffée d’air pur, d’air lumineux et matinal, d’air dominical — c’est dimanche et cela se voit bien — et finalement s’accoude, et regarde.
Entre les marronniers en fleurs alignés sur la terrasse, il voit se succéder les plans de l’échappée majestueuse : le marais, — puis la falaise, au pied de quoi glisse le Séran et fuit le chemin de fer, — puis sur la falaise un plateau boisé d’arbustes courtauds, où culmine, central, le château de Grammont, — puis là-bas, noyés de brume, des pics, des aiguilles, des arêtes, des montagnes avec un peu de neige encore à leur sommet, bientôt fondue : le Mont du Chat (Aix-les-Bains !), le Nivolet (Chambéry !), — puis enfin, perdues tout au fond de l’espace, les Alpes Dauphinoises, comme un brouillard dentelé.
Un train siffle au long de la falaise. Une automobile ronfle sur la route. Et M. Le Tellier songe avec satisfaction qu’une jolie semaine, bien longue, lui reste à con-