sommer, avant que le train ou sa grande auto blanche ne l’emportent vers Paris.
Son visage n’est qu’un sourire.
Le Sarvant eut beau s’évanouir comme un fantôme qu’il n’était pas, M. Le Tellier a quand même trouvé de quoi se récréer. Non certes en épiant le monde stellaire ; car, pour venir à Mirastel, il a interrompu ses importants travaux concernant l’étoile Véga ou alpha de la Lyre, dont il mesurait la vitesse radiale ; et de pareilles entreprises exigent de fortes lunettes de précision. Mais il a découvert au grenier, dans un réduit poudreux et non loin des gnomons disloqués, un archaïque traité d’astronomie. Et il s’amuse à le déchiffrer, avec sa loupe d’horloger.
Sur le bureau, le vieil in-quarto lui offre à épeler ses feuillets manuscrits… Mais il fait si beau, ce matin, que M. Le Tellier s’accorde un brin de flânerie. Il rêvasse. Aujourd’hui, les habitants de Mirastel doivent aller déjeuner à Artemare, où Marie-Thérèse les a devancés depuis hier. — Il rêvasse. Tiens, voilà Mme Arquedouve et Mme Le Tellier qui passent, errantes, sous le ginkgo-biloba, « ce gracieux survivant de la flore primitive », comme diraient les manuels. Floflo les accompagne. — Il rêvasse. Ah ! voici le facteur… Et qui donc se met à chanter ? C’est Maxime, dans la tour du sud-est, celle qui renferme son laboratoire… Oui, Maxime chante un air d’opérette, cependant qu’il étudie l’intérieur de ses infortunés poissons… Fort gentille cette chansonnette…
— « La vie est belle », murmure M. Le Tellier. « Elle est belle…, et pourtant, au soleil de mai, comme on ressent l’humiliation de vieillir !… »
Un soupir. Et il se retourne, face au bouquin de cosmographie.
C’est alors, et non plus tard ou plus tôt, qu’il entend cogner à la porte un petit coup sec, — aussi sec, ma foi, que si quelque squelette eût frappé de sa phalange osseuse la planche au vantail.
— « Entrez ! »
Est-ce vraiment un squelette qui va entrer ?… Oui, puisque c’est un homme. C’est même un squelette avec très peu de chair dessus et pas beaucoup de muscles,