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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/110

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le carnaval du mystère

Elle se tait. La femme doit obéissance à son mari. C’est une règle qui n’est pas inscrite seulement dans le Code, mais dans tout son être discipliné.

Une allumette a craqué. C’est lui qui allume la lampe. À quoi bon ?

À ceci :

M. Jules a pris sur la cheminée le portrait de son fils. Et tout de suite la maman est venue sous la lampe.

Un mystère absurde les confond. Quoi ! ce bel enfant au doux visage, en costume de première communion, c’est lui ! Onze ans l’avaient fait ainsi ! Onze ans de plus l’ont fait ce qu’il est !… Chaque trait du petit les étonne et les charme affreusement. Ils les détaillent un à un. Ils se souviennent de cette première communion comme si c’était hier. Onze ans, qu’est-ce que c’est !

— Un vrai chérubin, pleure la mère.

— Ses grands yeux bleus !

— Sa petite bouche…

— La fossette à son menton…

Ils s’arrêtent, stupéfaits, muets d’horreur. Mon Dieu ! ils allaient parler de ce cou frêle et blanc, dire qu’il était mignon, vanter sa grâce ! Ils allaient parler de son cou, mon Dieu !

Ils ne voient plus le communiant qu’à travers un rideau de larmes, et la désolation qui les remue par saccades leur imprime des