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le fils

mouvements baroques, plus forts que la volonté.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une heure plus tard, les voisins curieux, venus à pas de loup, peuvent les entrevoir par le trou de la serrure, tels qu’ils passeront toute la nuit.

La photographie est sur la commode, aux pieds d’une Vierge de stuc, entre deux bougies allumées. Agenouillée devant cet autel domestique, Mme Jules emploie toute sa vaillance à lire et à relire dans son paroissien les prières des agonisants. Lui, reste debout près d’elle, tassé, hagard, abruti par cette calamité sans égale, et par moments n’y croyant plus.

Un silence de souterrain les enveloppe. Le temps glisse dans la nuit, formidable et furtif.

Une fois, elle pense tout haut :

— Il faudra faire dire une messe.

Et le silence se referme là-dessus comme un étang funèbre.

De temps en temps, les voisins massés dans le corridor surprennent une explosion de désespoir. Alors ils font de grands soupirs, et les femmes pleurent un instant. Mais vers minuit chacun se retire sur la pointe des pieds, parce que ce n’est pas demain dimanche, et que demain il faudra se lever pour aller au travail.

La veillée sinistre continue.

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Elle sent qu’il la touche. Elle sursaute.