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le carnaval du mystère

Une clarté de grotte verdit la chambre. Les deux flammes, jaunies, ont l’air dépaysées. Le jour naît.

Ils sont blottis l’un contre l’autre comme des petits enfants perdus dans la forêt. Ce qu’ils souffrent est au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer.

« Votre pourvoi est rejeté. Ayez du courage. »

Il sait, maintenant ! C’est à devenir fou.

Et l’aurore, la jeune et vivante aurore, s’épanouit, en contradiction féroce avec les choses d’ici… et de là-bas. La ville commence à gronder. Les bruits du matin se multiplient dans la maison…

Et subitement il y a quelque part un grand coup sourd : — on ne sait quel objet massif est tombé. Un cri, et Mme Jules s’effondre, les mains au cou.

Le définitif s’installe comme une brute. La chambre est plus vaste ; une absence la creuse. Quelqu’un manque ici pour jamais.

— Il n’est plus malheureux, va ! Ça vaut mieux comme ça. Ça vaut mieux que le bagne à perpétuité.

Accroupie sur le plancher, elle répète machinalement que « ça vaut mieux, oui, oui, ça vaut mieux… »

Mais elle n’est plus qu’une pauvresse affalée, sans courage et sans force. Et lui, avec sa mine de déterré, quelle loque !