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le carnaval du mystère

Insolite ?…

Quelque part, du côté des vapeurs.

Âpre, rauque, régulier. Quoi donc ?…

Un oiseau nocturne, parbleu ! La faulx qu’on aiguise fait cela. Grand-duc ? Chat-huant ? Baroque imitation. Une faulx qu’on aiguise, tout à fait. — Quelqu’un ? Allons donc ! J’étais seul et loin, très loin, au cœur de solitudes… Cependant…

Une espèce de mouche descendit entre mes épaules, en zigzags légers.

— Pas chaud ! murmurai-je, pour expliquer.

Le froid m’avait saisi en pleine ivresse, si le mot « ivresse » n’est pas trop fort pour caractériser l’excitation lucide qui suit un fin dîner somptueusement enrichi des vins les plus vieux.

Cette mouche… Le froid ? Bien sûr… J’aurais pu baisser la capote. Bah ! Je savais que, le long du fleuve, la route, exposée au soleil toute la journée, serait plus clémente. Et puis, j’allais pouvoir filer bon train ; maintenant, le chemin m’était familier.

Je revins sur les phares, dans la silencieuse violence de leur lumière.

Le bruit cessa. J’entrai dans l’obscurité, pour reprendre ma place… Un froissement, je ne sais où, — un vol, peut-être, — passa, furtif.

Ma voiture était alors cette torpédo si rapide…

La portière claqua. Un écho inattendu