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le carnaval du mystère

Impérieuse, la première pensée de Paillot fut qu’il avait à faire une chose capitale ; que le sommeil l’avait gagné avant que cette chose fût faite, et qu’il était encore temps d’agir, puisque la nuit durait encore.

Cette chose à faire, qu’était-ce donc ?… Ah, oui ! Tuer Moussy.

Tuer Moussy ?

Immédiatement, Paillot se ressaisit. Ce fut comme une sorte de grand froid stupéfiant qui tomba sur lui et qui, dans sa chute glaciale, le pénétra tout entier.

Tuer Moussy ! Mince, alors ! Une chance de s’être endormi ! Une chance de se réveiller dégrisé !… Bon sang ! Ce que la boisson peut faire d’un homme, tout de même !

Paillot frissonna, et ramena sur lui, d’une main qui tremblait, l’édredon sale. Il était dégoûté de lui-même jusqu’à la nausée.

Quelle bombe ! Quelle cuite ! Et, ce matin, quel marasme ! Fallait-il être bête ! Tout cet argent dépensé ! Et tous ces poisons qu’ils avaient bus, de mastroquet en mastroquet ! Enfin, cette stupide poussée de haine contre ce pauvre Moussy, à propos d’une fille de rien !…

En se rappelant la colère terrible qui l’avait empoigné, Paillot n’en revenait pas. Une stupeur navrée l’absorbait, tandis que la migraine battait ses tempes et qu’il goûtait avec répu-