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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/159

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alcool

gnance l’abominable saveur de tabac et d’alcool qui imprégnait sa bouche et sa gorge.

Moussy et lui, cependant, n’étaient pas rentrés tard : il devait être minuit et demi. C’est Paillot qui l’avait voulu, pour tuer l’autre le plus tôt possible.

Car Moussy logeait, lui aussi, dans ce « meu­blé ». Paillot n’aurait pas osé l’attaquer en face, même s’il avait été trois fois plus ivre. La force du compagnon était formidable. Alors, — Paillot l’avait bien combiné, — il fallait attendre qu’il fût endormi, puis se glisser le long du couloir, vers sa chambre, y pénétrer sans bruit et, d’un coup de couteau, lui faire payer…

Lui faire payer quoi ? Paillot maintenant se le demandait, ahuri. Il avait bien souvenance que Moussy avait passé son bras autour de la taille d’Irma… Et après ? C’était tout ? Vraiment tout ?… Mais oui. Et c’est pour cela que le sang de Paillot n’avait fait qu’un tour ? Non ? C’est pour cela qu’il avait condamné Moussy à mort ?… Ah ! Misère de misère !

Il murmura :

— Non, jamais, plus jamais ! Plus un verre de gniaule ! Plus un seul mêlé ! Ah ! bon sang ! Je le jure !

Sa voix crapuleuse lui fit honte. Il se prit la tête à deux mains, pour desserrer, pour rafraîchir l’étau ardent.