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le carnaval du mystère

Moussy ! Son copain ! Un si bon gars ! Com­ment ! lui, Paillot, avait eu l’hypocrisie de l’emmener bras dessus bras dessous, en causant de choses et d’autres, alors que froidement il arrangeait dans sa tête toute la scène du meurtre ?… Ah ! non, jamais, plus jamais !

Ils avaient commencé par boire des apéritifs. C’était dimanche. Ils avaient bu ensuite au res­taurant, à dîner. Moussy avait commandé du « bouché ». Puis on était allé chez le bistro voisin… Puis après… après… Paillot ne savait plus. Il y avait des trous dans sa mémoire, des vides ténébreux dont la constatation le mettait en rage… Finalement, ils s’étaient trouvés accoudés à une table de marbre. Où donc ? Ce devait être chez Jules. Avec Irma et Geor­gette, deux jolies propres à rien !…

Mais, sacré tonnerre ! il s’en moquait pas mal, d’Irma ! Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, ce bras de Moussy autour de cette taille !…

Et pourtant, quel retour ! Quelle fureur concentrée, pendant qu’ils cheminaient en zigzag, dans ces rues sinistres, Moussy et Paillot !… Il se rappelait son ivresse, la peau froide de sa face qu’il sentait livide, et cette espèce de mal au cœur confus, si bizarrement allié à l’obsession de se venger, de tuer Moussy qui ne se doutait de rien !

— Où ça peut vous mener, tout de même ! Ah ! mince !