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le carnaval du mystère

l’aveu de sa folie criminelle. Il le réveillerait, s’il fallait, et il lui dirait…

Paillot s’étreignit la main comme si cette main-là eût été celle de Moussy, et il remua les lèvres :

— Moussy, je t’aime bien. Tu es un frère. Et moi, je ne suis qu’un salaud !

Mais ce monologue solitaire ne suffisait pas à calmer son cœur anxieux, ses nerfs encore surexcités. C’était tout de suite qu’il fallait se confesser, reconnaître sa faute et en obtenir l’absolution !… Moussy ne comprendrait peut­-être pas. Il se ficherait de Paillot, c’était possible ; ou bien il se mettrait à le rabrouer… Tant pis ! « Pardonne-moi ! implorerait Paillot. Je ne m’en irai que quand tu m’auras pardonné ! »

C’était tout de suite ! Il y a des poids qui vous étouffent l’esprit.

Paillot était écrasé de remords. Il se mit debout, en chancelant un peu. Il enleva ses brodequins, chaussa des pantoufles pour ne réveiller personne dans l’hôtel, et, le bougeoir aux doigts, s’en fut vers Moussy en touchant la muraille pour assurer ses pas.

Il entre-bâilla la porte avec précaution… Mais, — étrange illusion, de plus en plus vive, — il lui semblait recommencer cette sortie furtive, cette marche sournoise, cette intrusion dramatique… Est-ce que…