Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
le fantôme de baslieu

se virent jeter à l’eau sans savoir comment, le second exactement comme le premier. Les Dorignot, accourus à leurs cris, les tirèrent de là de la même façon. Il s’ensuivit que toute la presse retentit du mystère de Baslieu.

Une semaine plus tard, un jeudi, à dix heures du matin, Dorignot se présentait devant moi, au Palais de Justice. Je le reconnus, pour l’avoir interrogé à l’époque de l’affaire Musange.

— Monsieur le procureur, fit-il d’une voix rauque, il est encore arrivé un malheur à Baslieu !

— La ferme du crime ?

— Oui, monsieur le procureur. Mais, je vous le jure, foi d’honnête homme, je suis innocent !

— De quoi ? Du meurtre de Gaby Florèse ?

Dorignot, hébété, suffoqua.

— Non, non, monsieur le procureur ! Ah ! mon Dieu, me voilà bien !… Je ne sais plus où j’en suis !… Il ne s’agit pas du vieux crime, monsieur ! Oh ! non !… Écoutez-moi. Cette nuit, un homme s’est suicidé en se jetant dans notre étang. Il s’est suicidé, monsieur le pro­cureur, j’en fais serment. Ah ! ne me regardez pas comme ça ! Je suis innocent, je suis un honnête homme, monsieur le procureur !… Oui, oui, il faut que je vous le dise, parce que cela pèse sur ma conscience, à présent. Oui, là ! c’est moi qui faisais le fantôme ! C’est moi. Une méchante idée que j’ai eue, rapport au