chimériquement vengeresse. Et Pierrot, frémissant d’une colère devenue réelle, invectivait de son mieux cette espèce d’homme vide qui, sous les chocs, avait comme des sursauts.
— Ah ! Sale type ! Attends voir ! Tu ne sais pas qui que je suis, moi ! Tiens, vieux vilain ! Tiens ! Tiens ! Non, mais alors ! C’est-il que tu crois qu’on a peur de toi ?
— Faut repartir, dit Nane. Maman a bien recommandé de ne pas s’arrêter en route…
— Voui on y va, accepta Pierrot. Mais je voulais y montrer qui que je suis, à Polyte… On s’a bien amusé, s’pas ?
— Pour sûr ! confirma Nane.
Et elle se retourna pour faire un pied de nez à Polyte, dont la solitude reprenait possession,
Nane et Pierrot arrivèrent bientôt à la Maison Bleue, sur la grand’route. La tante Berthe les accueillit avec de gros baisers. D’une voix aiguë, elle rassembla toute sa nichée d’enfants. Fillettes, garçonnets et bambins s’en allèrent dans les granges, les greniers. On goûta vers quatre heures. Les jeux reprirent dans le verger. Le temps passait sans qu’on s’en aperçût. Quand la tante Berthe arriva en poussant des appels stridents, le jour baissait.
— Nane ! Pierrot ! Vite ! Il faut vous en