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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/195

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l’épouvantail

Leur mère, anxieuse, les attendait, silhouette noire dans la porte claire.

— Mon Dieu ! Qu’ils ont chaud ! Dans quel état… Voilà ce que c’est que de partir en retard ! Après, on se dépêche, on arrive en nage et on attrape du mal ! Et moi, je ne vivais plus.

La table était mise. Comme à la Maison­-Bleue, le père et les garçons de ferme avalaient une soupe fumante. Nane et Pierrot, délivrés mais encore tremblants, se glissèrent à leurs places ; et quand la porte fut close sur la cam­pagne nocturne, un même soupir détendit leurs nerfs.

Pas pour longtemps.

La porte, soudain, fut heurtée. Deux coups secs. Deux coups frappés par une main qui n’était certainement qu’un bout de bois.

Le père, placide, jeta :

— Entrez !

Les petits frémirent. Lentement tournait le vantail…

Et Polyte, au seuil de la nuit reparue, se montra : chapeau déteint et vieux paletot jaunâtre. Il tenait un bâton dans sa manche, et, comme il ôtait son feutre, on vit qu’il avait une sorte de figure, — une pauvre vieille figure misérable.