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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/206

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le carnaval du mystère

Maryse m’apparut gisant, avec une grâce abandonnée, les paupières violettes, dans les soies et les fourrures du divan. Un peu de fard accentuait sa pâleur, le « raisin » de ses lèvres simulait du sang.

Elle respirait pourtant, avec cette sorte d’application organique des évanouis, qui semblent y employer toutes les forces dont ils disposent encore. Et son cœur battait… irré­gulièrement.

Oh ! Oh ! Ce cœur fantasque était effrayant.

Un médecin ! Vite !… Mais qui ? Je n’en connaissais pas, moi !… Si, parbleu ! Royer­-Suchet, ce camarade de cercle… Renommé, sympathique… Il fallait lui téléphoner !… L’an­nuaire, vite ! Mais, voyons, quelle heure était-il ? Six heures. Royer-Suchet était au cercle à cette heure-là, justement ! Pourvu qu’il y fût, mon Dieu !

Je me jetai sur l’appareil téléphonique.

Royer-Suchet, par bonheur, était bien au cercle, comme chaque jour. Je le priai de venir en toute hâte, pour un cas très grave.

— J’accours ! me dit-il. Votre adresse ?… Bien. En auto, j’en ai pour cinq minutes.

Cinq minutes après, en effet, je lui ouvris moi-même la porte de ma garçonnière. J’avais, en l’attendant, traité Maryse de mon mieux, prudemment. Mais ni le flacon d’éther débou­ché sous les narines, ni l’eau froide fouet-