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les inconnus

tant les tempes ne lui avaient rendu la conscience.

— Entrez ! dis-je à Royer-Suchet. Une amie à moi s’est trouvée mal subitement… C’est ici. Voyez.

Il enveloppa Maryse d’un coup d’œil expert, et commença de l’examiner sans précipitation.

Son assistance me causait un bien-être indéniable.

Royer-Suchet, avec une sûreté réconfor­tante, maniait la forme légère de Maryse comme une grande poupée charmante et lamentable. Je guettais sur sa face les signes de sa pensée ; mais c’était un homme impénétrable, glacial, donnant toujours l’impression de se posséder en maître ; et rien ne me laissait deviner ce qu’il apprenait lui-même en interrogeant ce corps mystérieusement assoupi.

Enfin, il se redressa. Je le questionnai du regard.

— Peu de chose, dit-il. Tranquillisez-vous. Laissez-la reposer. Elle reviendra d’elle-même à la vie. Je vais écrire une ordonnance ; vous lui ferez prendre cela dès que ce sera possible.

— Mais, fis-je, assez embarrassé, quand pourra-t-elle s’en aller, mon cher docteur ?… Vous dissimulerai-je qu’elle n’est pas ici chez elle ? C’est une amie qui vient me voir… en cachette.

Il avait tiré de sa poche un bloc-notes, et