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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/213

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le papillon de la mort

posais à l’enlever ; ce sera pour plus tard ; tu dois avoir faim. Suis-moi, petit.

Nous montâmes vers la maison, qui se tenait gentiment assise au flanc du coteau et dont les murs disparaissaient sous une housse de vigne vierge.

Maître Jacobus me poussa devant lui. Il vivait là en vieux garçon, au milieu d’un désordre pittoresque.

Il ouvrit une armoire, pour en tirer de quoi me restaurer. Mais, depuis que j’avais mis le pied dans cette grande salle où les fenêtres feuillues ne laissaient pénétrer qu’un demi­-jour, je cherchais avec curiosité l’origine d’un sourd murmure qui ne cessait de se faire entendre.

Je ne tardai pas à démêler ce qui le produi­sait. Sur une table massive, parmi des objets hétéroclites, des pièges à taupes, des pipes en terre, une énorme phalène battait de l’aile si rapidement qu’elle semblait placée entre deux brouillards fauves. Une longue épingle trans­perçait le papillon et le fixait sur une plaquette de liège.

Maître Jacobus disposa sur un coin de la table une couronne de pain, un fromage et une bouteille.

— C’est le malfaiteur, dit-il en s’apercevant que je regardais la phalène.

— Mais, risquai-je, il souffre…