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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/25

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l’excellente farce de bloomstetter

attendant minuit, nous décidâmes de monter tous dans la chambre d’Hillingworth, qui donnait sur la galerie du hall ; et ainsi fut fait, sauf pour ce qui est de Bloomstetter, lequel entra chez lui incontinent, afin d’avoir tout le loisir de se préparer à faire le revenant.

Le temps passa tant bien que mal. Nous jouâmes quelques silencieuses parties de bridge. Chacun de nous regardait assez souvent la pendule, et je ne puis soutenir que nous étions absolument à notre aise, bien qu’il m’eût été difficile d’en donner une raison tant soit peu plausible.

Enfin, dans le pesant et infini silence qui régnait, minuit commença de sonner. Nous prêtâmes l’oreille, non sans un insurmontable petit serrement du gosier… Et soudain, naquit dans l’éloignement des salles désertes un affreux, un désespéré cri d’outre-tombe.

Il y eut des ricanements. Puis nous sortîmes sur la galerie, ayant au préalable éteint toute lumière révélatrice. Et nous vîmes justement Hoop, pâle comme un linge et tenant une lampe, apparaître sur le seuil de la bibliothèque, et s’arrêter, aux écoutes, devant le hall ténébreux.

De salle en salle se rapprochait la funèbre lamentation. Bloomstetter avait un terrible talent… Mais cela n’était rien encore ! Tout à coup, une lividité suinta de la muraille, — l’apparence même de Bloomstetter, diaphane,