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vox sæculi

Disaient d’un même accord : « Je n’ai pas aimé mieux ! »
Les rimeurs s’écriaient : « Vous voilà, mes chimères ! »
Mais les tristes pensaient : « Les larmes très amères
Dont l’accent du chanteur est quelquefois couvert
Nous disent : C’est un homme, et cet homme a souffert ! »


Poète !… Cette Voix, c’est la tienne ! Poète,
Miroir où jusqu’au fond toute âme se reflète,
Grand lac tumultueux ou calme et toujours pur
Qui réfléchit la terre ou répète l’azur
Selon qu’on s’en éloigne ou bien qu’on s’en approche !


Merci, puissante Voix ! Chant paisible de cloche !
Grâce à toi, les esprits fatigués ont trouvé
Le repos qu’ils cherchaient dans ce siècle énervé,
L’artisan ténébreux que son labeur emmure
Entend le gazouillis d’un ruisseau qui murmure,
Et dans l’air enflammé des batailles tu fais
Courir le bruissement du baiser de la paix !
Merci pour tout cela, tendre et pieux poète !