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vox sæculi

Mais gloire au barde fier qui, relevant la tête,
Fit passer sur le monde encore garrotté
Le grand frémissement de l’aile Liberté !


Liberté !… C’est ton cri ! Que l’univers soit libre !


« Que tout mot à sa guise en l’air volage vibre !
Car les mots sont un peuple et cette nation
Attend pour prospérer sa révolution !
Allons ! Termes bourgeois ! Vile canaille impure !
Répandez par nos vers votre flot de roture !
Envahissez, manants, et l’ode et le sonnet !
Autrefois, voyez-vous, chaque rouge bonnet,
Bien que souillé de sang et de taches ignobles,
Cachait une âme égale aux beaux esprits des nobles.
Aujourd’hui, pour cela, nous sommes égaux, tous !
Les mots ! Vous devez être égaux ainsi que nous,
Puisqu’une âme vous fut à chacun accordée,
Puisqu’au fond de tout mot resplendit une Idée !