Comme à leur nez s’égrène un vol de moucherons,
Les poissons pailletés à fleur d’eau font des ronds,
Et, repus, loin des bords, se demandent, par signe,
A quoi s’occupe ainsi le pêcheur à la ligne.
Les vers luisants
Sur le bois fatigué du jour s’étend le soir.
Pout s’aimer les oiseaux même veulent y voir.
Ils se cherchent parmi les ronces, les cenelles.
Les feuilles ne font pas plus de bruit que leurs ailes.
Mais pour qu’on s’aime, il faut pourtant y voir. Encor
Si la nuit apportait plus près sa lune d’or !
Et voilà que, soudain, pour leurs amours sans voiles,
Mal éclairés aux feux qui tombent des étoiles,
Savante à composer la gamme des tons verts,
La mousse entremetteuse allume tous ses vers.
Le repas
Le pré, tous les matins, prend la peine d’étendre,
Pour son monde invisible, un festin d’herbe tendre.
Pleine de la rosée humide de la nuit,
Transparente, et du plus beau vert, l’herbe reluit,
L’homme grave arrondit ses deux mains en ciboire.
Sans s’abaisser, il n’a qu’à se baisser pour boire.
Mais, comme le plus frêle insecte, l’homme a faim
Et, près du succulent repas qui s’offre en vain,
Juge sévèrement la pudeur qui l’empêche
De s’offrir à genoux un dîner d’herbe fraîche.