Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

José se mit à rire d’une oreille à l’autre.

Marguite s’arrêta, gênée.

Le goret tirait sur la ficelle, la queue frisée.

Devant eux, José, les jambes écartées, les deux mains sur ses cuisses, n’en pouvait plus, s’épanouissait.

— La gentille queue ! une vraie papillote.

Elle rit aussi.

Ils causèrent.

Elle venait de loin, de M…, où elle avait acheté le goret pour ses bourgeois.

— De M… ? Elle connaissait donc M… ?

— J’y suis née.

— Comme moi.

Ils étaient du même pays. Ils n’en revenaient pas. À cause de cela, et en faveur du petit cochon, José la trouva rudement jolie.

Ils s’assirent au bord de la route, sur l’herbe.

Elle, le buste droit, sa jupe de laine serrée autour de ses jambes, convenable et réservée, jouait aux osselets avec de petits cailloux jaunes.

Lui, tenait à son tour le goret, se penchait le plus possible pour le laisser aller un peu en avant, puis brusquement tirait la ficelle et, chaque fois que le goret roulait sur le ventre en grognant, il partait d’un rire sonore.

— Comme il crie ! On dirait un enfant.

Ils parlaient du pays, s’exclamant à chaque souvenir. C’était une provision de nouvelles familières. Bientôt ils n’eurent plus rien à se dire : ils en avaient pour longtemps.

— J’vas rentrer, dit Marguite.

José l’accompagna sans vouloir lâcher le goret. Il se sentait grandir pour lui une amitié un peu in-