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Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/29

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L’Anglaise leva jusqu’à la tempe de Sirup un petit revolver.

— Vous allez entrer derrière moi et me suivre à un pas jusqu’en mon appartement. Là-haut, je déciderai de votre sort…

Tout à fait abruti, Sirup suivit sans broncher l’étrange femme. Elle le précédait, revolver au poing. Enfin, ils furent tous deux dans une chambre éclatante de luxe, où le lit de marqueterie compliquée et illisible, l’armoire semblable à une forteresse, les fauteuils pareils à des cathédrales, et de petits meubles, constituaient le plus étonnant décor que le jeune Sirup eût jamais conçu.

— Asseyez-vous ici, ordonna, toujours sous la menace du revolver, l’autoritaire étrangère.

Il s’assit, sans comprendre.

Alors elle commanda.

— Je suis ravie de vous avoir trouvé. J’ai quitté mon pays pour venir à Paris satisfaire un désir difficile. Mais je m’étais juré, dès mon enfance, d’être adorée par un assassin. J’ai pourtant eu beau fréquenter tous les bouges de votre petite capitale, chercher des amants là où se recrutent les plus grands bandits, je n’ai jamais eu dans ce lit un assassin authentique. J’ai consulté master Francis Carco, mais les assassins dont il m’a donné l’adresse étaient de paisibles garçons coiffeurs, épiciers ou employés des magasins Dufayel. On m’avait recommandé sir Jean Galtier-Boissière, qui étudia certains personnages sachant tuer dans un livre charmant et pudibond, intitulé La Bonne Vie. Mais sir Galtier-Boissière m’a dit qu’on n’assassinait plus depuis longtemps que dans le Grand-Monde. J’ai donc consulté Son Excellence André de Fouquières, mais il a argué du secret professionnel. Alors, j’ai pris le parti de me promener dans les rues, au hasard, jusqu’à ce que je puisse voir un crime et en emmener l’auteur. Maintenant, déshabillez-vous !