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— Je ne quitterai pas cette boîte sans voler quelque chose pourtant, dit sombrement James-Athanase Sirup. S’il n’y a rien ici, voyons dans le couloir et à côté.

Et, prenant son lexique sous le bras, pour contenance, comme arme, éventuellement, ou même pour le vendre si jamais quelque fou au monde — tout arrive — se pouvait trouver pour acquérir contre espèces un dictionnaire de 1845, il ouvrit et sortit.

Le galetas où il habitait occupait un fond de couloir au huitième étage d’un immeuble géant et neuf. Sirup se dirigea vers l’autre extrémité du couloir. Là il trouverait l’escalier et n’aurait plus qu’à descendre. Il fallait donc voler avant d’y parvenir…

Il fit deux, quatre, six pas. Voler quoi ? Il n’y avait que des huis clos et numérotés.

Une porte est entre-baillée. Sirup, soudain décidé et énergique, la pousse, Il se trouve dans une pièce semblable à celle qu’il occupait tout à l’heure. C’est tout de même plus digne et mieux meublé. Et puis, il y a une jolie femme. Oh ! jolie vraiment et dévêtue, puisque encore au lit ; laquelle regarde entrer avec étonnement James-Athanase Sirup. Il lui crie fortement :

— Pas un cri, madame, je suis un voleur !

Ceci dit, il s’approche, d’un pas prompt, à ce qu’il croit, mais au fond très lent, du lit où la jeune femme couchée le regarde venir sans savoir encore s’il faut rire ou s’épouvanter.

Enfin, elle se décide à parler :

— Ah ! vous êtes le voleur. Je ne vous attendais que la semaine prochaine. À combien s’élève ma facture ?

Sirup, ahuri, la regarde avec des yeux fous. Elle le trouve charmant. Elle n’est pas pressée de se lever et, en somme, le lit était un peu froid pour une femme seule…

Elle reprend, ironique, cordiale et accueillante :