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— Ferme donc la porte, grand fou de voleur ! Et viens ici. Tu me diras à l’oreille ce que tu venais voler.

James-Athanase Sirup obéit. Il pose son dictionnaire sur la table de nuit, et…

ii

La garde-malade inattendue


James-Athanase Sirup descendait le rapide escalier de service avec prudence. Cette fois, il se trouvait bien expulsé, absolument expulsé et sans un sou de plus que deux heures auparavant lorsqu’il s’était éveillé. Ces deux heures avaient été toutefois remplies par l’affection de la délicieuse Marie Becassez, chez laquelle il s’était présenté pour voler, et qui l’avait accueilli en amant.

Ainsi donc, raisonnait Sirup : j’ai cent fois voulu accoster des jeunes filles et les séduire. Or, je n’ai jamais réussi. Et juste ce matin, ayant décidé d’être voleur, il m’a suffi d’entrer chez une jouvencelle, en énonçant ma nouvelle qualité, pour être reçu comme un Messie. Qu’en faut-il conclure ?

Il en était là de ses réflexions lorsqu’il se trouva dans la rue. Le concierge de la maison l’avait regardé passer avec un regard soupçonneux, mais le locataire expulsé ne portait rien qui témoignait de quelque fraude. Il oubliait même son dictionnaire de 1845, abandonné chez la délicieuse Marie Becassez, peut-être pour prix de l’amour. Laquelle jeune femme s’était d’ailleurs rendormie parmi ses draps bouleversés, après le départ de son voleur et ami.

James-Athanase Sirup regarda le ciel. Mais l’amour a cela de charmant qu’il apaise les divinités de la pluie et des orages. Et depuis que le jeune voleur s’était avisé d’aimer Marie Becassez, la grande coupole céleste se trouvait repeinte à neuf en bel azur.