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— N’empêche que désormais je suis un voleur ! pensa Sirup.

Il marcha tranquillement au hasard, prit une rue, puis une autre, puis une avenue, un boulevard, un passage… Au bout d’une heure, il sentit que, sans nulle contestation possible, il ne savait oû il se trouvait et avait faim.

Un voleur peut-il avoir faim ? La question était délicate. Il semblait difficile d’y fournir une réponse à l’impromptu. James-Athanase Sirup pensa s’asseoir sur un banc pour y mieux réfléchir.

Il s’y trouvait depuis cinq minutes, et ses raisonnements n’avaient fourni à la question posée aucune convenable solution, ni plausible, lorsque vint se placer près de lui une jeune femme très pâle qui portait des paquets élégants, des paquets de confiseur.

— Monsieur, dit-elle, excusez-moi, mais je me sens très mal. Une petite crise du cœur. Je vois tout tourner, je ne sais plus où je suis.

Elle fermait les yeux, les joues couleur de cire, tendue pourtant par le désir obstiné de ne pas s’abandonner.

— Madame, dit Sirup, je suis à votre disposition. Je suis voleur.

Elle ne parut pas entendre.

— Tenez-moi par le bras. Je vais tomber. Voulez-vous appeler un taxi, lorsqu’il va en passer ?

Sirup l’étaya vigoureusement puis fit signe à une voiture-auto qu’il s’arréta devant le banc. Il y hissa la jeune femme. Comme il allait fermer la portière, elle murmura :

— Venez m’accompagner, qui me descendrait et m’aiderait à rentrer chez moi ? Songez que je viens de la banque.

James-Athanase Sirup s’assit près d’elle.

— Je vous l’ai dit, madame, je suis voleur !

Elle lui serra la main avec effusion.

— Merci ! Merci !