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Alors le jeune homme ne dit plus rien, car vraiment, on a beau s’être décidé après mûre réflexion, et se dire voleur sans remords, on n’en devient pas obligé de perdre pour si peu son savoir-vivre.

Sirup et sa compagne furent bientôt à Neuilly, devant une somptueuse demeure. Là, Sirup descendit la jeune femme et la mena doucement jusqu’à l’ascenseur. Le chauffeur attendit.

Bientôt, Sirup aide la malade à pénétrer, au troisième, dans un appartement délicieux, fleuri, soyeux et parfumé.

— La bonne est sortie, dit la jeune femme, portez-moi jusqu’à mon lit !

Et trois minutes après, elle peut s’allonger enfin, la face toujours cireuse, mais satisfaite d’avoir vaincu, gràce à ce dévoué passant, le sort qui voulait la jeter à terre, évanouie, au beau milieu d’une voie parisienne.

Sirup regarde autour de lui. Jamais voleur n’a été à pareille fête. Il va pouvoir exercer son nouveau métier avec dignité.

Mais que doit voler un homme ayant le sentiment du réel, du pratique et une juste connaissance des obligations de sa profession ?

Des bijoux ? Il y en a. On ne peut pas néanmoins tout prendre, ce serait indélicat. Mais que choisir, lorsqu’on ignore la valeur des gemmes ?

Il est vrai que l’inconnue porte sans doute quelques capitaux dans son sac à main. Sirup l’ouvre. Il y a là tout un matelas de billets de banque. Faut-il s’en aller avec ?

À ce moment la malade ouvre les yeux et le regarde avec un sourire.

— Ça va mieux. Je ne saurai jamais assez vous remercier !

— Vous m’avez bien plutôt rendu votre débiteur, madame, pour la grâce que vous m’avez faite en recourant à moi, dit Sirup, très talon rouge.

Elle sourit.

— Embrassez-moi ! Vous êtes charmant !