— Madame, vous savez bien que l’on admet comme réelles des « mises à la limite », en soi inconcevables. Deux lignes se rencontrent à l’infini. Elles sont dites parallèles, c’est-à-dire irrencontrables…
— Hé bien ?
— Hé bien, le principe du mouvement me suffit pour mettre en marche toute la mécanique. Je puis supposer l’immobilité parfaite de tout. Ensuite le mouvement. Mais ce mouvement à l’origine rapproche juste deux unités constituantes du cosmos. Cela change leurs rapports de relations. J’étreins sous le mot de désir ce changement initial et l’applique à tous les rapprochements ultérieurs nés du premier. Ainsi j’ai défini l’amour métaphysiquement.
Jacob Leviston, le savant mathématicien, susurra :
— À condition que les mots utilisés, passant du relatif à l’absolu, gardent un peu de sens…
— Évidemment, dit Gréalli, mais votre objection est applicable à tout le langage. Les mots ne veulent peut-être rien dire… que leurs sons…
— C’est déjà beaucoup, sourit Jeanne Mexme.
— Trop pour le repos des hommes, ajouta Leviston. Il aurait été bien plus utile pour la vie que la philosophie cessât de prétendre à l’intelligibilité pour se résoudre en musique.
— Entendu ! dit Gréalli. Mais je termine ma théorie : Le désir serait donc la base de l’affinité chimique. Sous une certaine forme et un certain