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déjeunerons ensemble si cela vous plaît. Vous êtes si charmante et je vous devine si pleine d’esprit !

Zine le soupesa d’un regard : elle se souvint des conseils de son ami. Était-ce la bonne pente ? Oui, sans doute.

— Je veux bien, monsieur.


VI

Révélations

Le déjeuner terminé, Zine, un peu endormie par l’abondance et le capiteux des plats, n’entendait plus que vaguement les paroles du bon vieillard attentif à la bonder de paroles morales et insidieuses. Aussi, tant de bons conseils passaient sur elle sans laisser de traces. Par chance, dirons-nous, car l’hypocrisie des vieillards en amour est redoutable et propre à procréer tous les malheurs.

— Ah ! disait le noble personnage, ma petite Zine, si tu veux être sage et fidèle je pourrais faire beaucoup pour toi.

La fillette répondait :

— Qu’est-ce que tu ferais ?

— Je te meublerais un coquet appartement. Mais il faudrait que tu ne voies aucun autre homme.

— Pourquoi cela ? demandait Zine sur un ton pâteux.

Offusqué, le bon vieux en appelait à toutes les vergognes divines et humaines :

— Mais Zine, ce n’est pas bien, quand on a un protecteur, de le tromper. Il faut être honnête et bien agir, la morale veut…

— La morale veut-elle aussi que vous couchiez avec moi ? questionna Zine avec innocence.