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poches du pantalon, évoquait les camarades d’enfance de Zine et la ramenait dans son milieu natif.

Elle hésita, s’interrogea un peu, puis obéit à l’homme, qui lui avait passé carrément la main sous le bras avec une caresse qui la fit frémir.

Ils allèrent dans un mastroquet boire un café qui sentait puissamment le cirage. Là, sur la banquette, hardi et tranquille, le nouveau compagnon de Zine l’examina comme si elle eût été nue.

— T’es belle, la gosse, dit-il enfin. On pourrait faire quelque chose de toi.

— Quoi donc ? demanda-t-elle.

— Est-ce que je sais, répondit-il avec indolence. Ça te plairait de faire du cinéma ?

— Oh oui ! s’exclama Zine au sommet du bonheur.

— Hé bien, on verra ça. On calte ?

Ils s’en allèrent, bras dessus, bras dessous. La jeune fille avait maintenant une confiance absolue en ce nouveau mentor.

Ils gagnèrent le boulevard de la Villette en conversant. Là, l’homme dit :

— On monte un petit peu pour voir si on s’entend aussi bien dedans que dehors ?

— Oui ! dit timidement Zine qui commençait à trembler et se devinait entre les mains d’un conquérant sans ménagements…

Ils montèrent, louèrent une chambrette, et sitôt seuls, Zine émue, qui devinait la suite, demanda avec angoisse :

— Tu ne vas pas me faire du mal ?

— As pas peur, répondit jovialement l’homme. Je pense que tu n’en es pas au premier coup ?

— Si ! chuchota-t-elle en baissant honteusement les yeux.

Il se mit à rire :

— Eh bien ! dans une demi-heure tes débuts seront terminés, tu pourras courir le monde sans rougir…