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C’est qu’elles étaient, à l’atelier de Zine, une bonne douzaine de gosselines déjà vicieuses et tout à fait privées de pudeur.

Toutes recevaient, sur une croupe qui ferait peut-être leur fortune, des corrections abondantes et énergiques. Elles en avaient eu honte au début. Mais, un jour, Zine, qui était cynique, s’était avisée de montrer tout à trac la trace des sévices qu’elle venait de subir.

Alors, toutes celles qui gardaient sous leurs jupes des marques semblables n’avaient pas voulu sembler moins bien pourvues. Elles y étaient donc allées de leur exhibition. Peu à peu on en était venu à constituer de véritables concours. C’était à qui porterait les rougeurs les plus éloquentes. En arrivant à l’atelier, celle qui pensait triompher en ce championnat d’un nouveau genre mettait à nu son chef-d’œuvre. On l’enviait parfois en la plaignant. Il advenait qu’elle fut vaincue par une outsider… Alors, rengainant sa rage, elle se promettait de faire, chez elle, un diable à quatre si véhément que la volée dont on la gratifierait pût en apparaître insurpassable. Ainsi s’inversent les principes moraux et les règles de l’esthétique |

Dans l’atelier de Zine, il fallait avoir la fessée fréquemment pour sembler posséder le moindre mérite et celles dont le postérieur en saignait d’aventure devenaient un sujet d’envie universelle. Leurs cicatrices étaient une mise à l’ordre du jour…

Zine, cependant, regardait sa mère, armée du balai et qui continuait de pérorer à la porte. Soudain la veuve Taupy entendant monter dans l’escalier, se pencha pour voir. Malheureuse idée !… Zine bondit, bouscula la matrone et enfila la rampe pour descendre plus vite.

En même temps, elle disait éperdument :

M… et m… et m…