Page:Renee Dunan Une môme dessalée 1927.djvu/8

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— Qu’est-ce qu’elle vous faisait, votre mère, demanda le sauveur.

Zine rougit un peu, puis, rabaissant sa jupe sur ses jambes minces, elle répondit :

— Ça ne se dit pas, monsieur.

— Alors, même à moi qui viens de vous sauver la vie, vous ne voulez pas faire cette révélation. Voilà bien la reconnaissance des femmes !

Zine se mit à rire.

— Oh ! reprit-elle, je serais bien parvenue en bas sans accident. |

Devant tant de mauvaise foi, le journaliste la prit par les poignets :

— Mais, petite malheureuse, en bas, il y a une pomme qui vous aurait arrêtée par les fesses et vous seriez tombée sur la tête, raide comme balle. Vous étiez, sans moi, certaine de vous tuer. C’est du pavage, et vous y alliez d’un train de record.

Zine parut peu émue.

— On dit ça !

L’autre furieux de voir son aide si mal reconnue, saisit Zine à pleins bras :

— Je vais vous corriger, coquinette que vous êtes, ou vous embrasser.

— Ni l’un ni l’autre, cria Zine en s’échappant comme une lamproie de l’étreinte masculine. Pour la correction, je sors d’en prendre et pour m’embrasser, ça coûtera, à partir d’aujourd’hui, tout ce qu’il y a de cher, je ne suis pas une gâcheuse.

— Je suis bon pour un petit talbin, rétorqua l’autre.

— Donnez-le tout de suite, demanda Zine en tendant la main.

L’homme, qui s’amusait comme un fou, lui donna une coupure de cent sous. Alors Zine s’éloigna en faisant un pied de nez :

— Pour ça, vous ne voudriez pas me toucher ?

— Alors, fais-moi voir quelque chose, reprit le journaliste. Sans quoi je dirai que tu es une escroqueuse.