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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/285

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ces installations sommaires, sans aucune défense contre l’extérieur ; je n’y prêtais même plus attention.

Le boutou avait dressé comme d’habitude mon lit démontable et ma table pliante ; je me promenais dans l’unique rue du village, en attendant l’heure du dîner, lorsque je vis arriver un singulier voyageur. C’était un Européen, grand, maigre, la barbe et les cheveux roux, la figure osseuse, les yeux caves. Il n’avait pour tous vêtements qu’un pantalon et un dolman de toile grise, usés, rapiécés, déchirés, et des espadrilles. Il portait un large chapeau de paille comme en ont les bourjanes. Ses habits, collés au corps par la pluie de la journée, accusaient sa maigreur maladive de broussard épuisé par la fièvre et les privations. Il était monté sur un mulet aux os pointus, aux côtes saillantes ; deux Malgaches en haillons le suivaient, portant sur des bambous un bagage sommaire : sa literie consistait sans doute en une natte, sa popote en une marmite et une assiette.

Il descendit de son mulet devant le gîte d’étape ; nous échangeâmes un salut assez froid ; je lui expliquai que je venais de m’installer, que j’étais prêt à partager avec lui l’inconfortable case. Il refusa, protestant qu’il préférait coucher dans une maison malgache.

— Acceptez au moins la moitié du dîner que