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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/51

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sur un ciel orange, des bicyclistes indigo dans des paysages roses ; l’une avait dans le dos une locomotive bleue crachant des flots de fumée rouge sur fond blanc, délicate allusion aux trois couleurs françaises ; sur la croupe rebondie d’une autre s’étalait, la tête en bas, le portrait d’Édouard VII. Mais les plis chastes des lambas laissaient mal deviner les formes de celles qui les portaient ; sous les larges chapeaux clairs, un peu ridicules, les yeux brillants et les dents blanches faisaient, dans le noir ou le bronze des figures, un contraste trop violent pour un Européen nouveau débarqué. Le jeune officier trouvait ces femelles laides comme des guenons, attifées comme des singes savants. Jamais, non, jamais il ne se résoudrait à admettre dans son lit un de ces petits animaux chiffonnés qu’on lui disait être des Betsimisaraka, ou une de ces grandes Sakalaves dégingandées. Il revint à bord désappointé.

A Tamatave, son impression ne se modifia guère. En vain on essayait de lui faire comprendre la séduction des ramatous tananariviennes ; il déclara qu’il chercherait une amie dans la société européenne, ou, à défaut, dans le milieu créole.

Pendant le premier mois de son séjour à Tananarive, il se tint parole, méprisa les ramatous. Mais deux femmes du monde, qu’il favorisa de ses hommages, le rabrouèrent assez vertement ; la galanterie blanche était vraiment mal représentée dans la capitale