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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/53

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les concurrents, elle remarqua le jeune lieutenant d’infanterie coloniale ; secrètement elle désira le donner comme successeur au dernier amant en titre. Il avait une cote excellente dans le monde galant, parce qu’il était gai, insouciant et généreux. Il se savait très beau garçon et tâchait d’en profiter ; mais il s’exagérait la valeur de cet appoint auprès des femmes indigènes ; celles-ci, en raison de ses beaux yeux, lui avaient donné le sobriquet de Tsaramasou[1], que ses camarades, irrévérencieusement, avaient traduit par Haricoco Bel-Œil ; dans le monde, à cause de son prénom d’Albert, on l’appelait Bébert.

Bébert s’aperçut que Raketaka était favorablement disposée pour lui et aussitôt poussa ses avantages. L’autre était trop fine pour ne pas se faire désirer. Elle dansa plus d’une heure avec un gros fonctionnaire surnommé Saint-Louis, lourdaud et disgracieux, mais bien appointé. C’était un rival redoutable. Un jour qu’une ramatou très courue s’était laissée mettre aux enchères, il était allé jusqu’au billet bleu pour l’avoir : d’où son surnom. Raketaka, soucieuse de ses intérêts, accepta ce soir-là une place dans le pousse-pousse de cet homme généreux, mais, au moment de partir, elle promit

  1. Tsaramasou, nom du haricot, signifie étymologiquement « qui a de beaux yeux ».