Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/54

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à Bébert de lui rendre visite le lendemain matin à dix heures.

Elle tint parole. Le lieutenant avait plutôt mal dormi. Il s’était flatté, une partie de la soirée, de ramener Raketaka ; sa déception amoureuse lui avait causé une assez longue insomnie ; il gardait à la jolie ramatou une secrète rancune de l’avoir fait poser. Elle sentit la nuance dans l’accueil un peu tiède, et comprit qu’il fallait jouer le grand jeu. Elle prit dans ses deux mains la tête du jeune lieutenant et, longuement, elle le regarda. Dans ses yeux adorablement puérils, elle mit les langueurs et les ardeurs de sa race pour verser le poison du désir dans les yeux tout proches de l’amant futur, puis, après un silence éloquent, elle reprit son air candide et s’écria :

— Comme je me suis amusée hier ! Et toi ? Il m’a semblé que tu n’étais pas très gai ?

— Moi ? Tu te trompes…

Nouveau silence. Il la trouvait si désirable qu’il enrageait de nouveau de ne l’avoir pas eue la nuit précédente. Il dit maladroitement :

— Méchante ! Pourquoi es-tu partie hier avec ce gros imbécile de Saint-Louis, au lieu de venir avec moi ?

Elle eut un sourire énigmatique et ne répondit point, mais s’assit sur une chaise à deux pas de lui. En s’asseyant, elle avait ôté son lamba de soie rose qui,