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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/113

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

mère !… Voici ! Voici !… Il vient de Tananarive avec ta petite fille, et aujourd’hui il te fait visite !… Voici ! Voici ! N’aie pas peur ! Voici les offrandes !…

Les femmes s’étaient tues. Dès que l’inspiré eut fini, elles reprirent leur mélopée :

— E, é, héé !… é, é, héé !…

Tous les yeux se tournaient vers Claude, les mains ouvertes se tendaient pour le montrer à l’Ancêtre ! Il comprit que la Race l’admettait à ses coutumes ; désormais il serait attaché au Clan par les liens de la chair de Zane et par la force invisible de l’ancêtre Andriantsimandâfik. Il regarda du côté des femmes : Zane, parmi elles, chantait en battant des mains, elle semblait comme absente, et sa face ruisselait de sueur. Un autre homme s’était mis à tourner ; quand il fut en état d’enthousiasme, il étendit les deux mains vers la pierre et d’une voix rauque parla, possédé lui aussi par la force de l’aïeul divin :

— Maintenant tous ceux-ci sont en bonne santé ! Nous tous, nous nous portons bien ! Et toi aussi, le mari de Razane !… Le mal est enlevé ! La maladie est partie ! Il n’y a plus de mal, plus de maladie parmi nous !

Et le chant des femmes, apaisé, s’élevait en actions de grâces, pour remercier l’Ancêtre enfin réveillé de son sommeil.

— E, é, héé !… é, é, héé ! é é, Andriantsimandâfik, é !

Le père de Razane versa de nouveau du miel sur la pierre. Son frère fit de même, puis