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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/114

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

un autre encore. Alors tous, hommes et femmes, montant sur le tombeau, se pressèrent autour de la place sainte. Chacun mettait son offrande, du manioc, des bananes, des cannes à sucre, du maïs, des ananas, des épis de riz. Un vieux déposa une canne en ébène sculpté, une femme donna un ruban de soie, ils étaient de leurs cous les colliers de perles et les jetaient sur le tas ; Zane retira de son poignet un bracelet d’argent, l’offrit pour honorer l’aïeul. Certains tiraient de leurs ceintures des amulettes enfermées dans des bouts de cornes de bœuf, les étendaient, pour les sanctifier, au-dessus du lieu d’où émanait la Force efficace.

La pierre disparaissait sous les offrandes, dont le tas montait toujours. Tous se pressaient, s’accroupissaient alentour, les mains réunies en forme de coupe. Le miel ruisselant tombait goutte à goutte sur leurs pieds nus. Seul le Maître-du-Sacrifice restait debout, suppliant l’Ancêtre divin de répandre sur la Race force richesse et santé.

Puis ils enlevèrent toutes les offrandes sanctifiées, le disque noir reparut, luisant de miel. Le moment était venu d’offrir une victime vivante, pour combler de joie l’esprit de l’Ancêtre. Deux jeunes hommes apportèrent un mouton, les pattes liées. Avec un couteau de moisson, on coupa la gorge de la victime, et la pierre se teignit de pourpre. Quand elle fut rouge et n’eut plus soif, on souleva la bête pantelante, le sang coula tour à tour sur toutes les roches sacrées. Le Maître-du-Sacrifice trem-