Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/176

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compte des hypothèses au point de vue métaphysique, qui est alors le véritable. Cette doctrine est l’évolutionnisme de H. Spencer, application la plus étendue possible du déterminisme à la nature, en vertu de son objet : l’histoire universelle des transformations et des productions progressives de la Force, depuis l’état de diffusion et d’homogénéité de la Matière, son sujet inséparable, jusqu’au point maximum d’ascension de la matière organisée, à partir duquel la dissolution, ou involution doit commencer et se continuer jusqu’à la résorption finale qui doit ramener toutes choses à leur état initial.

Au-dessus de la Force est le principe inconnaissable, l’Absolu, dont l’ensemble du connaissable n’est que le symbole (XIX). La Force est une fiction réaliste, et non pas la cause du mouvement, dans le sens purement mécanique de ce mot, qu’en mécanique rationnelle on regarde depuis longtemps comme ne répondant qu’à une abstraction scientifique. C’est une entité, dans laquelle H. Spencer fait entrer, comme étant ses transformations, les puissances qui président aux phénomènes témoignés à nos sens comme mouvement, chaleur, lumière, etc., et, de plus, celles de l’ordre vital et de l’ordre mental. Or la physique moderne ne voit plus dans ces puissances externes, en rapport avec la sensibilité, que des modes de mouvements moléculaires qui, sauf à déterminer la nature du mobile, ne sont pas d’une autre sorte que les vibrations de l’air en correspondance avec le phénomène sonore, ou que d’autres vibrations avec les perceptions visuelles. Si des mouvements semblables correspondent aux phénomènes de la vie, à ceux de la pensée, ils peuvent être supposés, ils pourront être découverts. Ce sont des hypothèses d’ordre scien-