Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/219

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déterminations spontanées dont l’universelle connexion est préétablie comme l’ordre même de la création d’une multitude infinie de monades, toutes liées. La fiction de la cause transitive est bannie de ce système, ainsi que l’imagination du développement des propriétés de la substance du monde, ou évolutionnisme. Mais la doctrine de l’infini et le prédéterminisme absolu, universel, détruisent ces incomparables mérites en supprimant logiquement toute individualité dans la nature, et la liberté de la personne (XVI, XL, L).

Par là s’explique l’assimilation qui se fait si souvent de ce monde de Leibniz, sur lequel règne pourtant le Dieu du christianisme, et où les âmes sont immortelles, avec le monde de Spinoza qui a pour Dieu la Pensée universelle sans conscience, unie à l’Étendue universelle sans division, et, pour nature, la production à l’infini des modes divisés de cet être un et indivisible. L’accord des deux doctrines se fait sur le déterminisme absolu, mais celle de Leibniz s’offre à notre esprit comme la définition du système universel des relations en Dieu et dans le monde ; celle de Spinoza est peut-être la plus haute expression du réalisme qui ait jamais été formulée.

En effet, si nous regardons aux principes les plus généraux du spinosisme, nous avons à envisager, pour la raison d’être de l’univers, les deux plus hautes abstractions possibles de l’entendement, réunies sous les noms de Dieu ou Substance, et, pour la cause du monde le développement logique de cette conception réalisée, assimilé à celui des propriétés d’une figure de géométrie ; et, si nous passons à l’extrémité opposée, qui est quelque chose comme la fin assignée à ce développement, nous trouvons, au sommet de la vie, au point où