Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/48

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cept de la multiplication d’un minimum de quantum par un maximum numérique, appelé l’infini, pour engendrer la quantité finie. Leibniz, au point de vue théologique, a vu dans l’arithmétique binaire « une très belle image de la création, ou origine des choses de rien, par la puissance de la suprême unité, ou Dieu. Car les nombres, en calcul binaire, s’expriment et naissent de l’unité et du rien ; non par voie d’accumulation d’unités, ce qui ferait de Dieu une matière des créatures, mais par un influx de perfection, plus grand ou moindre selon qu’est déterminée la place de l’unité mobile. Cette unité relative n’est que l’ombre de l’unité absolue, dont la puissance domine toutes les places et embrasse l’infini » (Op., Dutens, VI, 202). Les nombres sont là les symboles des monades, unités relatives aussi, toutes subordonnées à la monade suprême, Dieu. Symboliquement, en arithmétique, l’unité inconditionnée, située à l’infini des unités conditionnées, crée par son influx les valeurs respectives de l’unité à tous les rangs du nombre infini écrit dans le système de la numération binaire. Oté le symbole, la monade suprême est la puissance commune des puissances des monades distribuées dans l’ordre infini de la création (XXXI).

XVII

L’Inconditionné en tant qu’inconnaissable. Kant. — « C’est, dit Kant, le principe propre de la raison dans son emploi logique, de trouver, pour toute connaissance conditionnée de l’entendement, l’inconditionné par le moyen duquel l’unité de cette connaissance peut se compléter. Toutefois, cette maxime logique ne peut