Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/49

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devenir un principe de la raison pure, à moins d’admettre que toutes les fois qu’une condition est donnée, la série entière des conditions subordonnées les unes aux autres, série qui, par conséquent, est inconditionnée, est pareillement donnée (c’est-à-dire est contenue dans l’objet et dans sa connexion).

« Un tel principe de la raison pure est évidemment synthétique ; car, analytiquement, le conditionné se rapporte bien à une condition, mais non pas à l’inconditionné… La tâche de la dialectique transcendantale est de découvrir la correction ou l’incorrection du principe suivant lequel la série des conditions (dans la synthèse des phénomènes, ou de la série objective en général) s’étend jusqu’à l’inconditionné, et quelles conséquences s’ensuivent par l’usage empirique de l’entendement ; de trouver si, par quelque malentendu, une pure tendance de la raison n’a pas été prise pour un principe transcendantal de la raison pure, postulant, sans suffisante réflexion, un accomplissement absolu de la série des conditions dans les objets eux-mêmes ; et quelle espèce de méprises et d’illusions, en ce cas, a pénétré dans les syllogismes dont les majeures tirées de la raison pure (et qui sont peut-être des pétitions plutôt que des postulats) s’élèvent de l’expérience à ses conditions. » (Critique de la R. P., Introduction de la Dialectique transcendantale.)

La recherche dont le but est ainsi proposé occupe la moitié de la Critique de la raison pure ; elle conduit Kant à nier la possibilité d’atteindre la connaissance de l’Inconditionné dans ce qu’il appelle les trois Idées de la Raison pure : l’Âme, l’Univers et Dieu, et de définir un objet intelligible qui réponde aux notions pures de Substance, d’Unité, de Simplicité et d’Identité. Il