Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/58

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qui a remplacé, par de nouveaux essais de ce vieux système les doctrines aprioristes issues du cartésianisme. Il s’est ménagé par là, sans intention, une rencontre, si ce n’est une possible alliance avec des théories évolutionnistes qui semblent d’abord se rattacher à des méthodes opposées, mais se rejoignent dans l’Inconditionné, où toutes les différences s’effacent. Les disciples de Kant, dont les doctrines ont visé à définir ce qu’avait évité le maître, le point de départ de l’évolution et sa marche, n’ont pu que mieux accuser l’inévitable vice logique de la définition d’un inconditionné dont il ne peut être rien dit qui ne soit tiré de la connaissance des conditions qu’il devrait ignorer, et dont on lui demande de donner la raison.

Le Moi absolu de Fichte est, comme nous l’avons indiqué plus haut (IX), le moi individuel qu’on généralise, et dans lequel on fait abstraction de la condition sine qua non sous laquelle la conscience nous en est donnée, afin de le rendre inconditionné, de partir ensuite de cet inconditionné pour lui restituer ce qu’on en a ôté de réel, et le rétablir dans toutes les conditions possibles enseignées par l’observation psychologique et par l’expérience.

L’identité de Schelling dénote naïvement, par ce seul nom, l’intention de confondre dans l’idée d’une unité abstraite, tous les corrélatifs et tous les contraires dont on sait que se compose le monde. De cette unité se déduit la multiplicité concrète (qu’on y a renfermée) sous la forme d’une évolution commune des choses qui se présentent sous l’aspect objectif, et de celles qui se présentent sous l’aspect subjectif.

Hegel a pour lui la supériorité logique, en ce qu’il ramène les contraires dont il s’agit de déduire le déve-