Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/99

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substance externe une idée qui soit distincte des idées des qualités particulières, ni de l’esprit une notion qui soit distincte des perceptions particulières. Toutes nos perceptions distinctes sont des existences distinctes, et l’esprit ne perçoit jamais de connexion réelle entre des existences distinctes. Il est vrai que la composition de l’esprit en phénomènes s’opère moyennant la détermination de la pensée allant d’un objet à un autre, de telle manière que les idées soient senties connexes, et s’amènent les unes les autres ; mais nulle théorie n’offre de ressources pour l’explication des principes qui unissent nos perceptions successives dans notre pensée ou conscience. »

Si ce ne sont pas les connexions elles-mêmes, dans ce qu’elles ont de constant, c’est-à-dire les idées générales et les lois de l’esprit et de la nature, qui fournissent l’explication demandée, Hume avait raison, il n’en existe aucune. (Hume, Traité de la Nature humaine, Appendice, sub. fin.)

XXXIII

Les substances dans le criticisme kantien. — La Critique de la raison pure prit son point de départ dans ce déliement universel des idées auquel était conduit le grand logicien de l’école où l’on prétend tirer toute connaissance du particulier. Sans partager le découragement sceptique exprimé par Hume à la fin de son œuvre, la plus géniale, les représentants éminents de cette école à notre époque ont avoué, chacun à sa manière, leur renoncement à constituer les notions d’esprit et de matière en rapport avec la réalité ; et il faut ajouter que